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Veille informationnelle

3ème article de veille

Le point de vue policier

Image d’illustration © Tribunaldunet

Après avoir présenté mon sujet de veille, l’usage des armes à feu par les forces de l’ordre en France j’ai, dans un second article, traité la réaction des avocats dans ces affaires.

Il serait maintenant intéressant de s’attarder sur la vision des principaux concernés. Ceux derrière l’arme, qui prennent la décision (ou non) de tirer : il faut écouter les déclarations des policiers et gendarmes pour y voir plus clair.

Comment se prend une telle décision ?

Dans cet article du 05 novembre 2022, Mohamed Bouhafsi a recueilli pour RTL le témoignage d’un policier qui a « dû faire usage de son arme » lors d’un « refus d’obtempérer » : https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/refus-d-obtemperer-un-policier-raconte-une-intervention-ou-il-a-du-faire-usage-de-son-arme-7900202429

Une intervention qui rentre donc parfaitement dans mon sujet de veille. Évoquant un « conducteur [qui] a décidé de les percuter de manière totalement volontaire », le policier poursuit : « À ce moment là, le véhicule […] ré-accélère en percutant du côté passager mon collègue, ce qui occasionne un tir de ma part». Comment réagit-il à cela ? Il explique dans l’article que « ça va tellement vite que l’action de tir, c’est de l’instinct de survie. Il faut tirer. Si on ne tire pas, il va y avoir des blessés de notre côté, voire des morts » : un instinct, donc. Premier témoignage intéressant qui met en lumière le processus quasi-mécanique de tir.

Comment réagissent-ils a posteriori ?

Dans cet article du Parisien du 25 octobre (https://www.leparisien.fr/faits-divers/je-regrette-terriblement-ce-qua-declare-en-garde-a-vue-le-policier-auteur-du-tir-mortel-a-paris-25-10-2022-5NQIDCO5WJHKXHBZ5OCTWF6O2E.php?ts=1666709824636) on obtient les déclarations du policier qui a tué un homme, aussi au volant de sa voiture le 14 octobre dernier à Paris. La « légitime défense pas retenue » a entrainé la « mise en examen » du tireur, peut-on lire dans l’article. Ce dernier déclare lors de sa garde à vue, au lendemain du drame : « Je regrette terriblement ». Un collègue qui l’accompagnait, mais n’a pas tiré sur le conducteur affirme lui : « Je me suis vu mourir. Je n’ai pas voulu tuer l’homme en face pour autant » et insiste « pas question de tirer sur un homme ».

Quand les policiers de Twitter s’en mêlent : d’indéfectibles soutiens

S’il y a bien un « flic » qui, dans n’importe quelles circonstances, va apporter son entier soutien à ses collègues, c’est Abdoulaye Kanté, figure médiatique de la police aux 55 000 abonnés Twitter.

Le 2 octobre, il répondait d’ailleurs au chercheur Sébastian Roché, que j’avais cité dans mon premier article.

© Capture d’écran Twitter

Abdoulaye Kanté conseille au sociologue de « prendre le problème dans l’autre sens avant d’indexer à chaque fois les policiers ». Mettant toujours en avant le « refus d’obtempérer » à chaque nouvelle affaire, il semble avoir trouvé la justification imparable à ces tirs mortels.

Autre figure emblématique sur les réseaux sociaux, c’est Matthieu Valet, un commissaire de police bien connu des plateaux de chaînes d’information en continu. Le 5 octobre sur Twitter, il appelait les policiers à « neutraliser le criminel » avant de leur apporter son « soutien total » :

© Capture d’écran Twitter

En définitive, nous avons vu que les réactions des policiers sont contrastées car la question du tir est complexe. Si dans certains cas, ils ne semblent pas avoir de problèmes de conscience, dans d’autres, le regret peut intervenir. Dans tous les cas, ils peuvent compter sur la communauté policière qui officie sur les réseaux sociaux pour les soutenir.

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2ème article de veille

Les réactions des avocats

Image d’illustration © Brochard Avocat

Poursuivant ma veille informationnelle sur l’usage des armes à feu par les forces de l’ordre en France, j’ai pu observer un élément qui revient souvent dans le traitement médiatique de ces affaires. Ce sont les réactions des avocats, qu’il s’agisse de ceux des victimes, ou ceux des policiers ou gendarmes.

Les avocats des victimes

Pour illustrer mon propos, j’ai tout d’abord repéré cette interview issue du Live Toussaint, une émission de BFMTV, qui donne la parole à Maître Ian Knafou, avocat pénaliste au barreau de Paris. La vidéo est disponible au lien suivant : https://www.bfmtv.com/police-justice/refus-d-obtemperer-le-risque-de-ne-pas-s-arreter-ne-peut-pas-etre-la-mort-selon-l-avocat-de-la-famille-d-amine_VN-202210280302.html

« Le risque de ne pas s’arrêter ne peut pas être la mort »

Ian Knafou, avocat parisien

Maître Knafou représente la famille d’Amine, un jeune homme tué par balles au volant de sa voiture, alors qu’il refusait d’obtempérer à une sommation de s’arrêter, le vendredi 14 octobre 2022 à Paris. L’avocat insiste sur le fait que « le risque de ne pas s’arrêter ne peut pas être la mort » et estime qu’« à aucun moment il ne faut avoir cette musique en tête ».

Le même jour, l’avocat Vincent Brengarth, du barreau de Paris également, réalisait pour le média indépendant BLAST, le souffle de l’info une vidéo intitulée « Refus d’obtempérer, un permis de tuer pour les policiers ? ». Disponible sur Youtube au lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=X5fV0OL57Ls

Dans ce podcast, Maître Brengarth met lui aussi en cause la loi de février 2017 assouplissant les conditions de l’usage des armes pour la police, qu’il corrèle avec l’augmentation observée des tirs (comme l’avait fait Sebastian Roché, chercheur CNRS dont j’avais parlé dans mon précédent article de veille). Aussi, l’avocat déplore les risques de dommages collatéraux, très importants lors de tirs en pleine ville.

Il illustre notamment son argument en prenant l’exemple de la balle perdue qui s’est logée dans un bus de la RATP, le 21 septembre dernier à Saint-Denis (plus de détails dans cet article du Parisien https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/cest-un-truc-de-fou-a-saint-denis-le-chauffeur-du-bus-touche-par-le-tir-dun-policier-en-colere-02-11-2022-KKHXSM4RDFDL5CTDKHQJJRTWKM.php)

Voilà deux exemples de réactions d’avocats qui défendent les victimes de ces tirs.

Les avocats des forces de l’ordre

À l’inverse, il y a aussi des avocats qui, dans les médias et sur les réseaux sociaux, portent la voix des forces de l’ordre incriminées, qui les défendent et les accompagnent dans les poursuites judiciaires.

À l’image de Maître Laurent-Franck Liénard, « l’arme fatale de la police » titrait Le Monde dans cet article du 21 juin 2022 (https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2022/06/21/jamais-de-ripoux-je-ne-defends-pas-les-crapules-me-laurent-franck-lienard-l-arme-fatale-de-la-police_6131352_4500055.html)

Le pénaliste, qui défend notamment un policier auteur d’un homicide sur un conducteur à Nice le 7 septembre dernier, appelait le 19 septembre sur BFM Côte-d’Azur à la rationalité et déplorait le manque de formation des policiers (https://www.bfmtv.com/cote-d-azur/replay-emissions/bonjour-cote-d-azur/conducteur-tue-a-nice-le-policier-etait-il-assez-forme_VN-202209190091.html)

Autre figure rangée du côté des forces de sécurité, c’est Me Thibault de Montbrial qui s’est fait connaître pour ses positions bien tranchées en faveur de l’autorité. Il est d’ailleurs l’avocat du policier mis en examen dans l’affaire « Amine » abordée en début d’article. Dans ce papier du Parisien daté du 16 octobre, il explique que son client « a cru qu’il allait mourir, il est très éprouvé » (https://www.leparisien.fr/faits-divers/refus-dobtemperer-mortel-a-paris-garde-a-vue-prolongee-pour-deux-policiers-16-10-2022-ULAMSEVXHBHZXLWGWCOYYAFPOM.php)

En conclusion, j’ai identifié des acteurs clés autour de mon sujet. Ce sont les avocats, peu importe les positions qu’ils défendent vis-à-vis de ces tirs. Il est intéressant de voir que ce sont souvent les mêmes, et que certains se sont ouvertement spécialisés dans le domaine. À ce titre, il s’agit de sources pertinentes pour ma veille.