La Fondation du Patrimoine à la rescousse de l'Orne




L'originalité finit par payer

Utilisé puis laissé à l’abandon pour finalement nécessité d’une restauration en urgence, c’est le sort qu’a subi le château d’Aubry-en-Exmes.

Sa construction originale a suivi les modes successives et été témoin de multiples événements. A l’origine c’est une tour circulaire qui a été construite, probablement au XIV ème siècle, faisant partie d’un ensemble d’autres constituants les défenses de la forteresse d’Exmes. Sa réputation particulière lui vient de Gabriel Ier de Montgomery qui aurait choisi ce lieu comme refuge après avoir accidentellement tué le roi Henri II lors d’un tournoi de joute en lui plantant sa lance dans l’œil. Même avec le pardon du roi agonisant, le seigneur a préféré fuir le courroux de Catherine de Médicis. Quant au XVII ème siècle, la mode des forteresses de style militaire fut passée et que celui des plaisances commença la décision fut prise de modifier la demeure. Mais au lieu de détruire l’ancienne et d’en reconstruire une nouvelle, comme d’autres l’on fait, le propriétaire de l’époque choisit d’aménager le château au-dessus de l’ancienne tour. Le tout dans un style Louis XIII qui lui donne un effet étonnant. Mais la demeure devint inhabitable et une nouvelle fut finalement construite au XIX ème siècle un peu plus loin. Le château fut totalement abandonné en 1830 après un incendie, ce qui se reproduira en 2000.

 L’état de la bâtisse des plus préoccupantes a besoin d’une restauration complète. Et elle lui sera accordée par la Fondation du Patrimoine. Un programme d’aide « Patrimoine et tourisme local » a été mis en place avec un projet coup de cœur qui va recevoir 500 000 euros. C’est justement la « Tour d’Aubry » qui a été choisie et qui devrait recevoir cette aide pour commencer les travaux en 2023.

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Parier sur des courses ou au loto ?

La plus célèbre aide au patrimoine est le Loto du Patrimoine organisé par Stéphane Bern. En 2022, l’un des 18 sites retenus était celui des anciennes église et infirmerie vétérinaire du Haras du Pin.

Le lieu est riche d’une grande histoire. Le projet est initié par Louis XIV car son ancien haras à Saint-Léger-en-Yvelines ne lui convenait plus. C’est entre 1715 et 1736 que les différents bâtiments sont édifiés, avec un transfert du cheptel dès 1917. Il devient dès lors « le Versailles du cheval ». Dans un premier temps, le haras devait remplir plusieurs fonctions mais très vite une seule subsista, la reproduction des meilleurs chevaux. A la veille de la Révolution, les écuries comptaient 196 étalons. Mais celle-ci vient mettre un terme au rayonnement du haras. La vente des étalons en 1790 et 1793 par un décret de l’Assemblée Constituante met à l’arrêt l’expansion des écuries du roi. Elles ne seront réutilisées que sous l’Empire à partir de 1806 et après d’importants travaux de rénovations et une repopulation. Le haras deviendra national à la chute de l’Empire mais continuera pour autant à briller en devenant notamment un lieu de formation prestigieux.

Aujourd’hui le Haras du Pin est toujours aussi renommé mais certains des vieux bâtiments nécessitent des travaux. C’est dans ce cadre que le lieu a été choisi par le Loto du Patrimoine. Se sont plus spécifiquement l’ancienne église et l’ancienne infirmerie vétérinaire qui vont bénéficier des 390 000 euros décernés le 17 septembre 2022. Les travaux débuteront en 2023 pour réparer la pierre de façade, la couverture et la charpente effondrées de l’infirmerie vétérinaire. Ainsi que l’église qui a été abandonnée à la Révolution, restaurée par des paroissiens en 1818 et enfin aliéné par l’État en 1858 pour en faire un dépôt d’étalon, elle est malheureusement aujourd’hui hors d’usage. Les nombreuses compétitions hippiques, les formations et les visites du site pourront alors se faire dans un cadre encore plus remarquable.

 

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La rencontre entre les intellectuels et les généreux

Pour avoir des financements, il faut parfois avoir recours à la générosité des personnes. C’est la dessus que mise la mairie d’Alençon pour la rénovation des boiseries de la médiathèque Aveline.

 Avec le soutien de la Fondation du patrimoine, deux initiatives ont été mises en place pour contribuer aux 526 994 euros de travaux. La première consiste à faire appel aux dons et mécénats. Les dons ont pour le moment rapportés 13 007 euros et le mécénat, accompagné d’aides, est à hauteur de 20 000 euros. La seconde initiative consiste en la création et la commercialisation à l’office du tourisme d’Alençon d’un puzzle représentant les boiseries. Le potentiel cadeau de noël composé de 500 pièces est vendu 40 euros l’unité, il faudra donc en vendre beaucoup !

C’est un aperçu sur l’histoire du lieu. A l’origine ce fut l’église d’un collège jésuite, dont la première pierre a été posée par Isabelle d’Orléans, duchesse d’Alençon, en 1679. Le lieu connaîtra un important rayonnement jusqu’en 1764 où un édit royal interdit les jésuites. Le collège ferme ses portes même si l’église restera un lieu de culte jusqu’en 1792. L’histoire des boiseries débute elle à une cinquantaine de kilomètres d’Alençon, à la Chartreuse Notre-Dame du Val-Dieu. Elles datent du milieu du XVIII ème siècle ont été durant la Révolution saisies, démontées et envoyées à Alençon. Pour que les 24 armoires en chêne s’adaptent au nouveau lieu, l’architecte Jean Delarue est chargé par la commune de réaménager l’intérieur de l’église. La nef est ainsi séparée en deux étages avec la bibliothèque au-dessus. Divers noms de personnages importants pour l’Orne ont été rajoutés pour finir d’orner les boiseries, protégées aux titres de monuments historiques depuis 1982. Finalement la bibliothèque est créée en 1803 et possède l’une des plus importantes collections de Normandie avec notamment 721 manuscrits, 26 incunables (imprimés avant 1500) et 57 000 livres anciens.

Seulement aujourd’hui d’importants travaux sont nécessaires à une déformation des boiseries qui doivent être consolidées et refixées à la maçonnerie. Par la même occasion les fameuses boiseries vont être restaurées. Les travaux ont commencé en Avril 2022 mais aucune date de fin n’est annoncée.

 

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