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La sécurité maritime

Lundi 5 décembre, un homme a été évacué alors que son état était préoccupant à bord d’un bateau de pêche à la coquille. L’opération a été supervisée par le centre régional opération de surveillance et de sauvetage (CROSS) Jobourg. Jeudi 8 décembre, un ferry et un bateau de pêche se sont percutés entrainant le naufrage de ce dernier. Le CROSS Jobourg et les gardes côtes de Jersey ont commandé les opérations de recherches et de sauvetages, en vain. Dimanche 18 décembre, un navire de pêche victime d’une voie d’eau a sombré dans la baie de Saint Brieuc. Un autre navire de pêche, le Galaxy III s’est dérouté sur demande du CROSS Corsen. Alors que nous rentrons dans la saison des tempêtes, les risques pour les marins pêcheurs sont importants. En effet, les pêcheurs sont les marins le plus concernés par les aides médicales en mer. Leur activité est particulièrement dangereuse et 33% des aides médicales concernent des pêcheurs. Pour autant, leur activité ne ralentit pas pour répondre à la forte demande. Un important dispositif de sécurité maritime a été mis en place pour éviter les accidents et pour aider les pêcheurs en détresse.

Pour éviter des collisions comme celle-ci qui s’est déroulée à Jersey, des dispositifs de séparation du trafic (DST) ont été mis en place. Ces « autoroutes » maritimes organisent la navigation en voies ascendantes et descendantes pour éviter les abordages entre 2 bateaux et que ceux-ci n’approchent pas d’endroits dangereux. Les DST protègent les pêcheurs qui n’ont pas l’autorisation de pêcher à l’intérieur.

Les 4 DST de la façade atlantique

Les CROSS diffusent également des bulletins météo (réguliers ou spéciaux en cas de mauvais temps) et des avis urgents pour transmettre aux marins les informations essentielles à la sécurité maritime. Ces bulletins peuvent éviter les accidents notamment liés à une dégradation rapide des conditions météorologiques. La transmission des alertes se fait notamment par VHF (Very High Frequency). L’ensemble des personnes en mer avec une VHF est censé assurer une veille sur le canal 16. Ce dispositif permet de centraliser toutes les alertes et facilite le contact avec les CROSS ou les navires aux alentours. 

Malheureusement, de nombreux accidents ne peuvent pas être éviter. C’est alors au CROSS de superviser les organisations de recherches et de sauvetages.

Concrètement, les CROSS dirigent les opérations de recherches ou de sauvetages après avoir reçu une alerte. Ils peuvent s’appuyer sur l’ensemble des moyens d’intervention à leur disposition. Chaque année, en France, ils coordonnent 15 000 d’assistance ou de secours impliquant un grand nombre d’acteurs.

L’organisation la plus sollicité est la société nationale de sauvetage en mer (SNSM) est une association reconnue d’utilité publique en charge de la sécurité maritime. 17 minutes après l’alerte du CROSS, les embarcations de la SNSM doivent être capable d’appareiller. En fonction des conditions météo et du type de missions, l’association disposent de différents moyens. Pour les missions impliquant un navire de pêche, ce sont des canots tout temps (CTT) ou des vedettes de sauvetage qui interviennent. Les CTT sont capables de sortir par n’importe quelles conditions de mer, ils sont insubmersibles et auto­redressables.

Un canot tout temps (CTT) et une vedette de sauvetage de la SNSM

L’armée est également très sollicitée dans de nombreuses opérations. Le CROSS Corsen, compétent sur toute la Bretagne indique que les hélicoptères de la Marine Nationale et de la Gendarmerie représentent 35% des moyens aériens utilisés en 2021. La Marine Nationale déploie principalement des Caïmans marine (hélicoptère utilisé dans le naufrage près de Jersey par exemple) et des Dauphins marine pour ces types de mission. Prochainement, le H160 d’Airbus Hélicoptère va venir prendre la place du Caïman pour que ce dernier se concentre sur des missions de combat.

Un  caïman marine et un dauphin marine

La sécurité civile est très présente pour assurer la sécurité des usagers de la mer. En effet, les dragons 50 (qui a également participé aux recherches à Jersey) représentent la moitié des moyens aériens utilisés par le CROSS Corsen avec 92 sollicitations en 2021.

Mais en mer plus que partout, une vraie solidarité existe. En effet, juste après la SNSM ce sont des acteurs privés (plaisanciers, pêcheurs, …) qui sont le plus sollicités par le CROSS Corsen. De plus, un bateau a l’obligation de porter assistance si cela ne représente pas de danger pour lui-même. Ne pas porter assistance est réprimée par la loi.

Enfin, la technologie permet de sauver des vies. Depuis 2020, l’AML (Advanced Mobile Location) permet de localiser précisément la position d’un appel vers un numéro d’urgence (comme le 196, le numéro d’urgence des CROSS). Les balises personnelles (MOB AIS) sont également précieuse pour localiser une personne tomber à l’eau ou à bord d’une embarcation sans AIS. Elles facilitent grandement les recherches en cas de danger ou de détresse.

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La pêche un secteur en crise ?

Les chalutiers sont les bateaux les plus impactés par la situation actuelle

© Marine Nationale

Les armements de pêche rencontrent des difficultés financières notamment liées à la hausse du prix des carburants et plus généralement à l’inflation. Les navires ne sont pas touchés uniformément par la conjoncture économique.

L’Armement coopératif artisanal vendéen (ACAV) estime que le seuil de rentabilité se situe autour de 75 centimes le litre de gazole or celui coutait en moyenne 83 centimes depuis le début de l’année. Les dépenses liées aux carburants ont augmenté de 46% pour les grands chalutiers, de 31% pour les fileyeurs et de 83% pour les chalutiers de mètres. Conséquence directe pour les professionnels, la rentabilité des chalutiers a diminué de 20% alors que celle des senneurs polyvalents, plus économe en carburant à diminué de 15%. Conséquence directe pour les consommateurs, le prix du poisson augmente. Depuis le début de l’année, le prix du bar sauvage de chalut a augmenté de 55% en passant de 15 euros le kilo à 27 euros le kilo en moyenne sur le marché de Rungis. Les prix tendent à baisser mais la tendance reste fragile.

Toutefois, la pêche reste un secteur porteur et d’avenir. En effet, selon les statistiques de France AgriMer, la consommation annuelle moyenne de poisson par habitant en France est passé de 19 kilos à l’aube de l’an 2000 à près de 24 kilos en 2018. Pendant, ce temps la population française a également augmenté. Cette demande en poisson toujours plus forte justifie alors la mise à l’eau d’un fileyeur flambant neuf par le même ACAV. Le chantier Piriou basé à Concarneau, en charge de la construction explique sur son site que le « moteur de propulsion IMO TIER III » permet aux navires de ne pas trop consommer. Une condition indispensable au vu de la conjoncture actuelle et surtout primordial pour la lutte contre le dérèglement climatique. Le Camélys est doté d’une cale de 60m3, ce qui permet au navire de 21 mètres de charger 5000 bacs de poisson. Comme montré ci-dessus, les fileyeurs/palangriers sont moins touchés par la hausse du prix des carburants. Leur technique de pêche est relativement économe en énergie. Mais l’ACAV rappelle que le prix des filets a lui aussi augmenté de 35% en 2022. Affaire à suivre

Le nouveau chalutier de l’ACAV construit à Concarneau

© Chantier Piriou

Article réalisé avec :

  • Un flux RSS sur la rubrique pêche de Ouest-France
  • Des informations du marché de Rungis
  • Des données de FranceAgriMer
  • Des informations
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Environnement

Les impacts de la pêche

Photo : Adobe stock

Une étude publiée le 12 octobre dans la revue Sciences Advances a estimé la quantité de filets de pêche abandonnés qui dérivent dans les océans. Les chercheurs ont interrogé 451 pêcheurs de sept pays pour estimer le taux et les quantités de pertes des engins de pêche. Les conclusions sont préoccupantes. En effet, en mettant bout à bout l’ensemble des déchets (filets maillant, sennes coulissantes, chaluts de fonds, …) nous pourrions réaliser 18 fois le tour du globe ! Ces engins sont conçus pour attraper du poissons, de facto ils continuent de blesser, de tuer des espèces même abandonnés et à la dérive.

La pêche est source de pollution et contribue au dérèglement climatique, mais elle est aussi impactée par ses conséquences.

Le réchauffement de l’eau dans l’Atlantique ne profite pas qu’aux baigneurs. Les poulpes apprécient les eaux plus douces qui permettent une meilleure survie des juvéniles. Nicolas Coguen, un pêcheur lorientais arme un caseyeur pour traquer le céphalopode. Avant, je faisais du homard, du tourteau, de l’araignée, mais il n’y en a quasiment plus. Les poulpes mangent tout », explique le pêcheur. Le poulpe est considéré comme une mine d’or, présent en grande quantité il se vend entre 6 et 8 euros le kilogramme. Le patron espère en ramener une tonne à chaque sortie !

L’industrie de la pêche dégrade les mers et océans alors qu’elle est impacté par ces dégradations. Paradoxal.

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La pêche entre innovation et politique

Des nouveaux filets pour les pêcheurs

Une étude publiée le 12 octobre dernier estimait la quantité de filets qui dérivent dans les océans et qui représentent une importante source de pollution marine. L’université de Bretagne-Sud (UBS) développe avec des marins pêcheurs une alternative pour résoudre ce problème majeur : des filets biodégradables. L’objectif est de réduire de 3% les déchets plastiques liés à la pêche à l’horizon 2030. Ces derniers représentent 27% des déchets plastiques qui se retrouvent chaque année dans les océans. Cela représente environ 660 000 tonnes selon l’Académie des sciences des Etats-Unis et entre 1,2 millions et 3 millions de tonnes de détritus selon une étude parue dans la revue Science en 2015.

Le projet Indigo est une collaboration entre six institutions de recherches (l’IFREMER, l’UBS, les universités de Plymouth et Portsmouth, le CEFAS et du SMEL). 4 acteurs privés font également parti du projet : NaturePlast, l’IRMA, MSE et l’entreprise Filt. En amont du lancement du projet, les équipes de l’UBS se sont assurées que les contraintes étaient acceptables. Selon eux, près de 75% des pêcheurs posent comme condition que les nouveaux filets soient aussi pêchant que les filets traditionnels, mais près des deux-tiers sont prêts à accepter des coûts supplémentaires.

Mais améliorer les techniques de pêche ne suffira pas à sauver l’écosystème marin

La FAO, l’organe de l’Organisation des Nations Unies (ONU) en charge de l’alimentation a présenté un rapport sur la pêche au niveau mondial. Selon l’agence de l’ONU, en 2020 ce sont près de 72 millions de tonnes de poissons qui ont été capturés dans les océans du globe.

La FAO estime 65 % des stocks actuels sont exploités de manière durable, c’était 90% en 1974. En revanche, les stocks sous-exploités représentent 7 % alors qu’ils représentaient 60 % en 1974. Mais le contrôle de ces vastes espaces est un défi colossal pour les puissances maritimes et des progrès sont encore possible. En effet, entre 15 et 20% des captures sont illégales (pêches illégales, non déclarées et non réglementées). De plus, le partage de certains stocks entraine parfois un dépassement du nombre de captures autorisées par les scientifiques. Les pays riverains ne s’accordant par sur la répartition des captures. La FAO souligne que l’Union européenne (UE) a fait d’important progrès depuis 2002 et la révision de la Politique commune de la pêche.

Une affaire vient entacher les efforts de l’UE

Pour une fois, en France, l’interdiction de la senne fait presque l’unanimité. 143 députés et élus locaux de tous bords, Xavier Bertrand, 98 % des pêcheurs ont exprimé leur souhait de voir cette technique interdite. Mais la majorité, Emmanuel Macron et Hervé Berville (secrétaire d’Etat à la mer), ont soutenu la senne démersale. L’ONG parle de « trahison aux intérêts de la nation ». En effet, sur les 54 senneurs exerçant dans la Manche, 40 appartiennent à des armateurs néerlandais

En septembre 2022, un trilogue, une réunion informelle entre membres du Conseil, du Parlement et de la Commission se tenait à Bruxelles. L’ONG Bloom rapporte que lors de ce trilogue, l’UE a rejeté un amendement voté par le Parlement européen et qui interdisait la senne démersale. Cette nouvelle technique de pêche est une catastrophe environnementale et sociale. Les bateaux géants pratiquant la senne ravagent les fonds marins et les pêcheurs artisanaux voient leurs captures diminuées d’années en années.

 

Article réalisé à partir :

  • D’un flux RSS sur Ouest-France concernant la pêche
  • Des informations de la FAO
  • Des informations du secrétariat d’État à la mer
  • Des informations de l’ONG Bloom
  • La page de l’UBS dédiée au projet Indigo

Même les rivaux historiques que sont les britanniques et les français sont d’accord : la senne démersale est un désastre

Crédit : Greenpeace