L’Ours des Pyrénées : retour sur un combat qui dure depuis plus de 30 ans

Alors que l’association Pays de l’ours vient de fêter ses 31 ans il y a deux semaines, le 14 novembre dernier, la réintroduction de l’espèce de plantigrades dans les Pyrénées continue de faire débat dans la région. Espèce en voie de disparition au tournant du 21ème siècle, l’ours a aujourd’hui était sauvé mais à quel prix ?

Un long processus de réinsertion

En 1991, le dernier ours du noyau des Pyrénées central meurt, il n’y a officiellement plus que quelques ours sur la partie sud de la chaîne montagneuse mais l’espèce est en grand danger d’extinction, comme nous le rappelle le site du Pays de l’Ours. Pour autant les politiques mettent du temps à s’emparer de la question et les actions de protection ne sont qu’embryonnaires. Ainsi en 2004, la dernière ourse de souche pyrénéenne, prénommée Cannelle, est abattue par un chasseur. L’espèce “ours des Pyrénées” a officiellement disparu. Une mort, à laquelle France Bleu Pyrénées Atlantiques consacrera une série d’émissions en 2018, qui suscite des réactions politiques multiples et déclenchent des manifestations un peu partout en France et notamment à Paris où plus d’un millier de manifestants (4000 selon le Pays de l’Ours) sont réunis pour prier le gouvernement d’agir en faveur de l’ours, en novembre 2004. La mort tragique de cette ourse sera néanmoins le point de départ d’un premier plan de restauration de l’espèce mis en place à partir de 2006 pour réimplanter l’ours dans son milieu naturel. Une réimplantation qui prend du temps et se base sur le lâcher d’ours originaires de l’étranger et notamment de Slovénie grâce à l’action de l’association de défense animalière Ferus. Le sujet est alors très politisé et les premières contestations à cette réimplantation s’opposent aux lâchers d’ours. Le projet prendra malheureusement du plomb dans l’aile puisqu’en 2008, la population de plantigrades n’atteint que quinze individus contre les trente espérés par le ministre de l’Ecologie, Serge Lepeltier, trois ans auparavant. Par la suite, aucune mesure gouvernementale ne prend le relais de cette première étape et la question de l’ours est laissée en pâture pendant près de dix ans. Il faudra alors attendre plus de cinq ans, pour qu’en 2014 la population atteigne les trente individus et ce n’est qu’en 2017 que le sujet revient peu à peu au cœur des débats.

Un travail de protection qui se heurte à des oppositions

Après une lutte de longue haleine des associations environnementales pour faire renaître l’Ours des Pyrénées, l’arrivée de Nicolas Hulot à la tête du ministère de l’Ecologie amène un vent d’espoir pour les militants pro ours. L’année suivante, en 2018, de nouveaux lâchers d’ours seront pratiqués dans une population qui ne cessent de croître. Les associations de protection, le Pays de l’Ours, Ferus et l’ASPAS en tête, se félicitent de ce retour au premier plan de l’ours et du soutien apporté par le gouvernement dans le processus de réintroduction. Les ours prolifèrent rapidement dans un zone où ils rencontrent de plus en plus des activités humaines et de nouvelles contestations se font entendre. Le tir d’effarouchement devient le fer de lance des éleveurs qui dénoncent des attaques contre leurs troupeaux de plus en plus récurrentes. L’éventualité devient une réalité et, en juin 2019, les premiers arrêtés ministériels sont pris pour autoriser cette pratique visant à éloigner les ours des troupeaux de brebis par des moyens sonores et lumineux allant jusqu’à des tirs non létaux dans les cas les plus extrêmes. D’abord localisés et ponctuels, ces tirs se développent et les arrêtés seront suspendus à trois reprises consécutivement en 2020, 2021 et récemment, début novembre 2022, mettant en cause le danger potentiel pour la vie des ours (voir mon dernier article).

Des progrès non négligeables

Cependant, malgré ces contestations et le bras de fer qui semble se répéter chaque année entre élus locaux et éleveurs d’un côté, associations de protection animalière de l’autre, la situation évolue dans le sens de la protection et de la prolifération des ours, moins d’une vingtaine d’années après la disparition de Cannelle. Moins d’une dizaine en 2005, 30 en 2014, 50 en 2019 et plus de 70 aujourd’hui, le plan comptable trace les lignes d’un combat réussi mais qui n’est pas fini. L’objectif est à terme de réussir à faire cohabiter les ours et les habitants des Pyrénées pour parvenir à un apaisement des tensions. Un processus qui passera par le dialogue et l’État l’a compris, avec l’organisation de réunions entre ministres et élus ainsi que la nomination d’un nouveau préfet chargé de la question de l’ours, tout comme les associations comme le Pays de l’Ours qui passe par l’éducation et la sensibilisation des plus jeunes autour de la question.

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