Quand politique et justice dépassent la question de l’ours

En cette fin d’année 2022, l’actualité autour de l’ours de Pyrénées est riche et tumultueuse. Après la nomination de Thierry Hégay au poste de préfet en charge de l’ours, choix politique loin de faire l’unanimité, c’est une autre décision, de justice cette fois, qui anime le pays de l’ours et fait réagir.

5000 euros de dommages et intérêts

5000 euros de dommages et intérêts, c’est le montant que six associations environnementales recevront de la part d’élus et d’organisations anti-ours condamnés par la justice pour “entrave concertée et avec menace à l’exercice de la liberté de réunion”, comme le rapporte un article publié sur le site Le Chasseur français. Les faits remontent au 5 mai 2018, date à laquelle “750 militants anti-ours, chasseurs et syndicalistes agricoles avaient fait irruption, sans autorisation de manifester, à La-Bastide-de-Sérou et troublé une réunion d’associations écologistes.” rappelle Sud-Ouest. Une intervention des CRS avait été nécessaire pour protéger les 150 militants réunis dans le but de “dresser un état des lieux de l’environnement dans le département” selon Fabien Hisbacq d’Actu Occitanie. Le 29 novembre dernier, six personnes ont donc été condamnées à trois mois de prison avec sursis et 500 euros, allant “au-delà [un mois] des réquisitions du procureur” mentionne l’article du Chasseur français. L’Association pour la sauvegarde du patrimoine d’Ariège-Pyrénées (ASPAP), la Fédération départementale des chasseurs de l’Ariège (FD09), la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles de l’Ariège (FDSEA) et les Jeunes Agriculteurs de l’Ariège (JA09) sont également condamnés à 2000 euros d’amende. Un verdict qui a fait naître de vives réactions …

Le nouveau préfet déjà sous pression

Suite à cette décision de justice, dans un procès opposant deux visions de la ruralité et qui va plus loin que cette contre-manifestation, les associations environnementales, constituées parties civiles, se félicitent de la décision. Sur le site de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), un communiqué a été publié suite à ces condamnations saluant une décision par laquelle “des fondamentaux de la démocratie, les libertés d’expression et de réunion, se voient renforcés“. L’association Ferus parle, quant à elle, d’une victoire juridique, sur Twitter. Cinq jours seulement après sa prise de fonction, le nouveau préfet délégué à l’ours devra donc débuter dans un climat de fortes tensions car de l’autre côté les associations et élus condamnés s’indignent de la décision du tribunal correctionnel de Foix, comme en atteste un article du Monde. “Représentants et structures condamnés ont d’ores et déjà annoncé leur intention de faire appel.” déclare France 3 Occitanie et les associations anti-ours sont “abasourdies par la sévérité du jugement” à l’image de ce que déclarait Rémi Toulis, président de la FDSEA 09, dans les colonnes de Sud-Ouest. L’association Jeunes Agriculteurs de l’Ariège a également réagi et dénonce sur Facebook “une terrible injustice” qui leur est “intolérable”. Une situation périlleuse pour Thierry Hégay, “troisième préfet en un an à peine”, comme nous le rappelle Le Monde, qui devra également faire face à la défiance d’élus locaux comme Christine Téqui ou Philippe Lacube. Ce dernier déclarait à La Dépêche “qu’au-delà de la justice, cette mobilisation s’adresse à l’Etat, l’Etat qui n’est pas à la hauteur des enjeux de la ruralité, l’Etat qui n’est plus à l’écoute des élus de la ruralité démocratiquement élus, contre des représentants de l’écologie qui ne représentent qu’eux-mêmes“. Le président de la Chambre d’Agriculture ariègeoise, suivi par la présidente du Conseil départemental, Christine Téqui. Elle parlait, quant à elle, d’un “foutage de gueule” concernant la nomination de Thierry Hégay. Ainsi, elle le mettait au défi de respecter les objectifs de la feuille de route, fixés lors de la réunion entre le ministre de l’Agriculture et les élus de l’Ariège, le 27 octobre dernier, et d’obtenir des résultats rapides, toujours selon La Dépêche. Ancien sous-préfet et adjoint en préfecture dans plusieurs départements, comme nous l’apprend le Républicain Lorrain, le nouveau préfet aura fort à faire face à des élus qui le jugeront “sur pièces”, rapporte La Dépêche, craignant, comme pour ses deux prédécesseurs, que cette expérience soit de courte durée et se transforme en pré-retraite.

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