NĂ©gociations de nouveaux quotas : vers la fin de la surpĂȘche ?

Du dimanche 11 dĂ©cembre au mardi 13 dĂ©cembre s’est dĂ©roulĂ©e Ă  Bruxelles la nĂ©gociation annuelle sur les quotas de pĂȘche de l’Union europĂ©enne. La pĂȘche de plusieurs espĂšces de poissons a fait dĂ©bat pendant trois jours. C’est le meilleur rĂ©sultat possible pour garantir la continuitĂ© de nos flottes de pĂȘche sans compromettre nos engagements en matiĂšre de durabilitĂ© des ressources halieutiques, a assurĂ© le ministre tchĂšque de l’Agriculture Zdenek Nekula, qui prĂ©sidait la rĂ©union. Cet accord prĂ©serve la capacitĂ© des pĂȘcheurs Ă  exercer leur mĂ©tier. Il faut s’adapter aux rĂ©alitĂ©s des façades maritimes, a indiquĂ© le secrĂ©taire d’Etat français Ă  la Mer, HervĂ© Berville. Des mesures rassurantes, puisqu’en France, 10 % des stocks de poissons sont considĂ©rĂ©s comme effondrĂ©s.

Victoire en demi-teinte pour les pĂȘcheurs vendĂ©ens

Une annonce qui a de quoi faire sourire les pĂȘcheurs vendĂ©ens, particuliĂšrement adeptes de la pĂȘche au lieu jaune et de la raie brunette. Bien que la commission europĂ©enne voulait diminuer respectivement les captures de 10 % pour le lieu jaune et de 34 % pour la raie brunette, la France et d’autres pays ont fait pression, estimant que le risque n’est pas avĂ©rĂ© et que les chiffres sont erronĂ©s. “Les quotas de ces deux espĂšces sont reconduits Ă  l’identique pour l’annĂ©e Ă  venir.”, communiquent Florence Pineau, conseillĂšre dĂ©partementale de la VendĂ©e, François Blanchet, maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et StĂ©phane Buchou, dĂ©putĂ©.

Quant aux quotas du chinchard, c’est une dĂ©faite pour les vendĂ©ens. « Seul un quota de prises accessoires est maintenu mais cette espĂšce ne peut plus ĂȘtre principalement ciblĂ©e. Une dĂ©cision qui porte un nouveau coup dur Ă  la filiĂšre et aux criĂ©es vendĂ©ennes qui se voient privĂ©es de 800 000 € de chiffre d’affaires.», prĂ©cise les Ă©lus. Ces-derniers rĂ©clament  Ă  la secrĂ©taire d’État Ă  la Mer, la mise en place des quotas pluriannuels. « Cela permettrait de sĂ©curiser l’exercice de la profession et d’obtenir davantage de perspectives pour les professionnels de la pĂȘche et leurs familles.»

Le verdict est tombĂ© pour la pĂȘche Ă  la civelle : la commission europĂ©enne envisage d’interdire sa pĂȘche durant au moins 3 mois, afin de prĂ©server la ressource.

Rien qu’Ă  Saint-Gilles-Croix de Vie 17 bateaux seraient concernĂ©s. Quand on dit on pĂȘche Ă  la civelle, on pĂȘche une partie pour la consommation, mais une grosse partie pour le repeuplement– explique FrĂ©dĂ©ric Charrier prĂ©sident du syndicat des marins pĂȘcheurs de Saint- Gilles-Croix-de-Vie- Et ce repeuplement est fondamental pour la survie de la civelle. On la remet dans des endroits que naturellement, la civelle ne peut pas remonter parce-qu’on a des barrages. C’est Ă  dire que la civelle, on la pĂȘche, on la laisse vivante et elle repeuple”.

Nouveau quotas pour la pĂȘche Ă  l’anguilles

Concernant la pĂȘche Ă  l’anguille,  les Vingt-Sept ont acceptĂ© d’Ă©tendre Ă  six mois la fermeture de la pĂȘche commerciale d’anguilles, mais en permettant aux Etats d’ajuster cette pĂ©riode selon les zones, les stades de dĂ©veloppement de l’espĂšce et pĂ©riodes de migration.Cette proposition Ă©tait uniforme et brutale (…) On pourra l’adapter selon les bassins, avec une application dĂ©butant en mars et non pas au 1er janvier pour ne pas condamner la campagne de pĂȘche actuelle, a insistĂ© HervĂ© Berville, secrĂ©taire d’État Ă  la mer. Le texte adoptĂ© permet de sauver 660 entreprises de petite pĂȘche artisanale, a-t-il estimĂ©. Cependant, tous ne sont pas de cet avis. Jenni Grossmann, de l’ONG juridique ClientEarth, explique Leur rĂ©ticence Ă  interdire toutes les prises d’anguille pourrait ĂȘtre le dernier clou du cercueil de cette espĂšce en danger critique d’extinction.”

LégÚre amélioration du stocks de poissons dans le Golfe de Gascogne

Dans l’Atlantique en revanche, les ministres ont relevĂ© les quotas pour plusieurs stocks ayant enregistrĂ© une nette amĂ©lioration, notamment le merlan, la sole et la langoustine dans le golfe de Gascogne – zone oĂč les quotas du lieu jaune ont par ailleurs Ă©tĂ© maintenus. On voit de trĂšs modestes progrĂšs dans l’Atlantique, oĂč la gestion scientifique des ressources s’est avĂ©rĂ©e payante, ce qui a permis de renforcer les stocks de poissons et donc de relever une partie des quotas, observe Vera Coelho, de l’ONG Oceana. La sole avait fait l’objet d’une coupe drastique de 37 % en 2021. La Commission avait proposĂ© cette annĂ©e une augmentation de 20 % des TAC (taux d’admission de captures) pour 2023 sur la base de l’avis du Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM), ce qui a Ă©tĂ© validĂ© par les ministres. Un niveau encore « insuffisant », selon HervĂ© Berville qui a donc nĂ©gociĂ© des compensations avec d’autres espĂšces comme le bar sud.