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MISS FRANCE, UN CONCOURS DÉCRIÉ, A T-IL ENCORE SA PLACE?

« Miss France est et restera à tout jamais » … MISS Bretagne ? Ile de France ? Guadeloupe ?. Voici les mots qui seront probablement prononcés par le président de cérémonie, Francis HUSTER dans la nuit de samedi à dimanche 18 décembre sous les coups d’une heure du matin en direct du Zénith de Châteauroux.

A l’issue d’un spectacle placé pour cette 93ème édition sous le signe du cinéma de plus de 3h où 30 femmes de 18 à 26 ans vont tenter leur chance pour succéder à la Miss France sortante, Diane LEYRE. 

Le règlement a changé. Le concours est désormais ouvert aux femmes de plus de 18 ans sans limite d’âge. Les tatouages sont autorisés et les femmes ont le droit d’être mariées et d’avoir des enfants. 

Une petite victoire pour ce concours qualifié depuis des décennies, même il y a encore quelques semaines de «sexiste, rétrograde ou encore has-been »

Diane LEYRE, Miss France 2022 élue en décembre 2021 (Photo by Sameer Al-DOUMY / AFP)

Un concours historiquement teinté d’un sexisme ouvertement assumé

Pour essayer de comprendre d’où tenait cette réputation du concours, remontons en 1963 où les Miss sont « pesées, mesurées, examinées sous toutes les coutures, fardées, pomponnées et bichonnées ». Et oui, vous avez bien entendu, pesées devant tout le monde. Inimaginable qu’en 2023, une situation de la sorte se reproduise sous peine de voir les associations féministes leur tomber dessus avec un conseil supérieur de l’audiovisuel veillant au grain n’hésitant pas à sortir son sifflet pour un rappel à l’ordre.

Mais ça ne s’arrête pas là, le présentateur de l’élection de l’époque va de son petit commentaire, et il n’en fallait pas plus pour créer une polémique « 22 ans, 169 cm de haut, 89 de poitrine, 54 kilos de poids ». A l’époque, aucun signalement n’avait été effectué puisque l’année suivante, les commentaires vont de bon train « 90 de tour de hanche, 59 de tour de taille, 90 de tour de poitrine, 1m70 au dessus du niveau de la mer, ce bourgogne 64 est un véritable millésimé ». Comparer une femme à une bonne bouteille de vin qu’on dégusterait accompagnés de petits fours, voilà où en était la société dans les années 1960, au siècle dernier où seulement moins de six décennies nous séparent de notre époque actuelle. 

Un concours qui tend à faire preuve de souplesse

Pour combattre ces diktats de la minceur auxquels de nombreuses candidates tentent de se frayer un chemin, la société Miss France a revu son règlement au peigne fin. Un protocole qui demeure toujours aussi strict mais assoupli sur certaines règles pour faire place à la modernité pour cette édition 2023. A commencer par la suppression de limite d’âge pour devenir candidate, auparavant les jeunes femmes concourant à ce concours devaient avoir entre 18 et 24 ans, désormais elles pourront donc toute prétendre à la couronne. Pour la nouvelle patronne de la société Miss France, Alexia Laroche-Joubert fraîchement arrivée l’an dernier, « on peut être belle à n’importe quel âge » . En revanche le critère de la taille reste inchangé, 1 mètre 70 et pas un de moins pour des raisons d’habillage puisque les robes sont faites sur mesures par des grands couturiers. 

Les piercings et tatouages sont à présents tolérés. La présidente veut envoyer un message fort et faire preuve d’ouverture d’esprit «ce n’est plus un problème, si les candidates souhaitent montrer le tatouage, elles le peuvent ». Une progression majeure dans le concours souvent restreint par des consignes protocolaires.  

Et enfin dernier laissez-passer, fini l’obligation de célibat, les candidates mariées et mère de famille ne sont plus dans la liste des bannissements.

Des changements et des améliorations qui peinent à convaincre tout le monde

Il n’en fallait pas plus pour que l’Association Osez le Féminisme monte au créneau. Les relations entre l’association qui œuvre pour l’égalité des femmes et l’organisation du concours sont quelque peu distendues depuis de nombreuses années, cette première reprochant à l’autre de « ne pas respecter le code du travail » puisqu’en effet les 30 participantes à ce concours réalisent des répétitions, apprennent des chorégraphies et des tableaux de scénographies, les semaines précédant le jour de la diffusion de la cérémonie. A cela s’ajoute également la réalisation des vidéos portraits diffusés en direct à la télévision, sans parler du fait que ces femmes mettent en arrêt leurs activités pour se préparer au concours. 

Autre point noir de la liste de reproches, la prétendue discrimination dont ferait l’objet l’organisation Miss France  à imposer une taille minimale d’1m70 à ses candidates. La réponse de la présidente, un tacle subtil sans nommément nommer personne mais qui laisse présager que celui-ci va en direction d’Osez le Féminisme  «Il y a eu pas mal de polémiques. C’est souvent le fait de quelques groupes de néoféministes qui portent un regard condescendant sur un programme populaire, convivial et sur l’engouement qu’il suscite. Elles profitent de la visibilité médiatique des semaines qui précèdent le concours pour s’offrir un moment de buzz. En l’occurrence, j’étais prête à leur tendre la main et à les rencontrer mais il s’avère que les dernières déclarations qu’elles ont faites dans la presse, et notamment dans l’Obs, montrent que toutes ces tactiques sont faites pour tuer le concours, tuer Miss France. Ce n’est donc pas possible de dialoguer avec elles.» indique la nouvelle présidente du comité Miss France. Autant dire que les relations entre ces deux entités ne sont pas prêtes d’être rétablies puisque l’association a intenté une action en justice à l’égard de la société Miss France aux Prud’hommes pour clause discriminatoire et absence de contrat de travail. Après une première instance en justice n’ayant pas abouti sur une décision unanime, l’affaire est renvoyée au 6 janvier 2023 pour déterminer si oui ou non les critères de participation à cette élection relèvent du champ discriminatoire au regard de la loi du travail.

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