Insécurité et violence à Mayotte


Introduction et explications

Ma veille informationnelle traitera de la violence et de l’insécurité au sein de l’île de Mayotte (976), département français situé entre Madagascar et la côte du Mozambique.

En effet, je me suis rendue à Mayotte durant les vacances de Pâques 2022 afin d’effectuer un stage au sein de la rédaction du média Mayotte La Première. Pendant deux semaines, j’ai été témoin à plusieurs reprises de cette violence et de cette délinquance présente partout sur le territoire ; c’est pourquoi je souhaite réaliser ma veille info sur ce sujet.

Pour effectuer mes recherches et rédiger mes articles sur ce site web, je vais notamment utiliser l’application-logiciel Tweetdeck ainsi que les flux que j’ai créé sur le site inoreader. Ces deux outils me permettront d’avoir un accès direct aux articles et informations ayant un lien avec le sujet de la violence et de la délinquance à Mayotte, et ce dès leur publication.

Je publierai donc ici un article toutes les trois semaines afin de faire un point sur l’actualité mahoraise quant à ce sujet. Maintenant que les explications ont été données, je n’ai plus qu’à vous souhaiter une (super) bonne lecture !

18/10/2022


ARTICLE 1 :

Délinquance : des chiffres qui n’en finissent pas d’augmenter

Image d’illustration : gendarmes dans les rues de Mayotte
source : ©Ibrahim Yahaya – Mayotte la 1ère

Une insécurité déjà présente au début d’année

Dans une étude de l’Insee parue le 05 juillet 2022, deux tiers des habitantes de Mayotte disaient éprouver un sentiment d’insécurité à leur domicile ou dans leur village : un sentiment qui est partagé par de plus en plus de mahoraises et de mahorais aujourd’hui.

En effet, dans un rapport publié par la préfecture de Mayotte sur le baromètre semestriel de la délinquance, on observe durant le premier semestre de 2022 une augmentation de la violence de 15% par rapport à la même période en 2021. Parmi les chiffres les plus importants, on constate une hausse des atteintes volontaires à l’intégrité physique de +16,65%.

Trois mois plus tard, le gouvernement prend des nouvelles mesures

Les mois passent et la violence continue. Le 9 octobre dernier, des passants ont été agressés de nuit à Labattoir dans la commune de Dzaoudzi. Le lendemain, ce sont des individus avec des machettes qui ont terrorisés des enfants et leurs mamans à Passamainty dans la commune de Mamoudzou. Tous les jours, de nouvelles agressions ont lieues.

Face à la persistance de la délinquance, les forces de l’ordre tentent de rassurer la population. En effet, selon un article de Nicolas Payet publié sur le site web d’actualité zinfos974.com le mardi 4 octobre 2022, la compagnie de gendarmerie de Mayotte a mené une opération de lutte contre la délinquance à Koungou en présence de la sous-préfète Marie Grosgeorge samedi 29 septembre 2022. Gendarmes, policiers et douaniers : c’est en tout plus de 80 effectifs qui ont été mobilisés pour encadrer l’événement. Durant l’opération, le préfet de Mayotte Thierry Suquet a annoncé qu’il s’engageait à mettre en place d’autres opérations similaires si nécessaire afin d’assurer la tranquillité publique. Il a par ailleurs rappelé que les forces de l’ordre œuvrent au quotidien au sien de l’île pour assurer la sécurité des Mahoraises et des Mahorais.

19/10/2022


ARTICLE 2 :

La violence continue de s’amplifier à Mayotte

Image d’illustration : manifestation contre les violences à Mayotte
source : ©Emmanuel Tusevo – Mayotte la 1ère

Des actes de violence quotidiens

La violence persiste sur l’île de Mayotte : c’est un fait qui ne date pas d’hier et qui tend à se vérifier aujourd’hui encore. Agressions, affrontements de gangs ou encore cambriolages : la brutalité s’exprime sur le territoire sous toutes ses formes. En effet, pas plus tard que cet après-midi, l’ordre national des chirurgiens dentistes français (l’ONCD) dénonce sur le réseau social Twitter une attaque à la machette qui aurait eu lieue dans un cabinet dentaire mahorais. L’organisme professionnel alerte sur la gravité de la situation et demande aux pouvoirs publiques la mise en place de « réponses urgentes » face à cette nouvelle démonstration de violence.

Les mahorais crient au secours

Mais les associations et les habitants de Mayotte ne sont pas les seuls à demander de l’aide. En effet, selon un article publié sur le site web de Mémento (magazine économique mensuel de l’Océan indien), des élus locaux mahorais se sont déjà déplacés le mois dernier en métropole face à l’ampleur incontrôlable que la situation prenait. C’est à Paris que les représentants de l’île ont fait entendre leur colère et ont demandé à l’Etat d’assumer leurs responsabilités. Entre autres, Madi Madi Souf, le président de l’association des maires de Mayotte, s’est exprimé avec gravité : « Mayotte est devenu un territoire de peur, de traumatisme et de deuil”.

Des forces de l’ordre débordées

Les forces de l’ordre présentes sur le territoire font elles aussi face à la montée de la violence. Dans un reportage diffusé lors du JT de France 24 le 22 octobre 2022, Dramé Diadé, policier à Mayotte, témoignait : «Il ne faut pas patrouiller avec les vitres ouvertes, tous nos véhicules sont blindés parce qu’il y a énormément de caillassages…». Une insécurité problématique et croissante qui semble irrépressible et insoluble, même pour les professionnels de la sécurité.

08/11/2022


Article 3 :

Mayotte “au bord de la guerre civile

Image d’illustration : Une mahoraise marche à côté de voitures brûlées à Mtsapéré
source : ©Grégoire MEROT, AFP

Un décès qui a mis le feu aux poudres

Habituellement peu médiatisée hors du territoire mahorais, l’île de Mayotte refait parler d’elle ces derniers jours. Lundi 21 novembre, la radio Franceinfo annonçait lors du fil info de 19h que des hommes du RAID allaient être envoyés en renfort à Mamoudzou, capitale de Mayotte, suite à une nouvelle vague d’affrontements violents entre certains quartiers de l’île. A l’origine de cette nouvelle hausse d’actes de violence : la mort d’un rappeur de 20 ans neuf jours auparavant. La victime, originaire de Kawéni, a été assassinée à Mtsapéré (village au sud de Mamoudzou) par un gang venant de Doujani, un quartier rival de la ville natale du mahorais. Le jeune rappeur a été tué à coups de chombos, un outil agricole en acier plus communément appelé “coupe-coupe” par les habitants.

Une violence sans précédent

Plus personne ne semble être en sécurité au sein de l’île et la population est terrorisée. Mercredi 23 novembre, c’était cette fois au nord de Mayotte à Majicavo que des élèves d’une école de Kawéni se sont fait agresser dans le bus scolaire à coup de machettes selon un article du Monde. Un des enfants aurait même été amputé d’une de ses mains lors de cette attaque. Le nombre d’actes de violence ne cesse de croître et la police est débordée ; les gangs organisent des descentes par groupes dans les villes et auraient fait entendre qu’ils étaient prêts à se battre à la machette contre les forces de l’ordre, toujours selon le groupe Radio France.

Les politiques s’expriment

Les autorités reconnaissent elles-même l’urgence de la situation ; le Président de la République Emmanuel Macron a déclaré jeudi 24 novembre qu’une “réponse sécuritaire au plus vite” était nécessaire. Mais pour l’instant, face à la violence des événements, les solutions proposées et mises en place par le gouvernement sont jugées insuffisantes par les habitants. Nadjim Ahamada, avocat et ancien conseiller municipal de Mamoudzou s’est exprimé sur le plateau de Mayotte La Première jeudi dernier : “on nous envoie le RAID, 10 hommes qui vont rester deux semaines ou un mois, ils vont repartir et ça va reprendre “. Selon lui, la réponse est claire et radicale : il faut déclarer un état d’urgence sécuritaire et réglementer la vente des machettes.

Une population laissée à l’abandon

Dans ce semblant de guerre civile, les habitants désespérés crient au secours et demande le soutien de la France métropolitaine. Des appels à l’aide qui ne semblent pas être entendus. La députée mahoraise Estelle Youssouffa dénonce l’inaction du gouvernement dans un article de France Télévisions publié mardi 22 novembre : “On a l’impression d’être abandonnés par les autorités, parce que ça fait des années que Mayotte appelle à l’aide. Est-ce qu’on est des Français comme les autres ?”

27/11/2022


Article 4 :

Affrontements entre gangs : la descente aux enfers de la jeunesse mahoraise

Image d’illustration : groupe de jeunes mahorais posant pour la photographie © David Lemor

Dans ce semblant de guerre civile, les affrontements entre les quartiers rivaux de Mayotte participent en majorité à la récente montée de violence au sein de l’île. Mais de qui sont constitués ces groupes et d’où viennent-ils ? Zoom sur la jeunesse mahoraise au travers de différents témoignages.

Une jeunesse qui veut en découdre

« À Mayotte, une jeunesse aux prises avec une violence extrême » titrait l’hebdomadaire La Vie dans un article publié le lundi 12 décembre dernier. Sur l’île mahoraise, délinquance et jeunesse semblent en effet être profondément liés l’un à l’autre puisque les adolescents et les jeunes adultes sont les premiers à participer à ces violences et à en être victimes. Dans « la guerre entre gangs » qui a lieu entre les différents quartiers de l’île, les jeunes Mahorais s’affrontent tantôt à la machette, tantôt en se caillassant. Quand les combats opposant les différents villages de Mamoudzou semblent cesser, il suffit en réalité d’une étincelle pour remettre le feu aux poudres. Les tentatives d’intimidation de la part « des ennemis » suffisent à elles seules à entrainer de nouveaux combats ; « Ils ont voulu nous tester […] on a été obligé de répondre » expliquait De Baco, un jeune mahorais de 18 ans pour le journal La Voix du Nord.

L’immigration à l’origine de la hausse des gangs

Certains chefs des groupes, emprisonnés, reconstituent leurs gangs une fois en dehors des barreaux en « recrutant de nombreux mineurs ». Il s’agit la plupart du temps de migrants provenant des Comores qui se retrouvent seuls suite à l’expulsion de leurs parents du territoire mahorais. ” Les Comoriens viennent ici dans l’espoir d’une vie meilleure. Quand les parents sont expulsés, les enfants restent ici, livrés à eux-mêmes, et se construisent dans la violence”, explique la médecin Charlène Ledoux au quotidien régional français Midi Libre. Mario, un mahorais de 28 ans l’affirme dans un article du journal La Croix  : « La violence, ici, on grandit dedans». Mais cette violence, certains habitants ne la supporte plus. Face à l’augmentation des démonstrations de violence des groupes d’affrontements, certains mahorais fuient leurs terres natales tandis que d’autres, contraints de rester sur l’île, finissent par rejoindre les milices « pour se défendre ».

Perte d’espoir de la nouvelle génération

Des affrontements qui traduisent aussi la fatigue et la perte de confiance du peuple mahorais envers l’Etat français. « On a l’impression d’être abandonnés par les autorités, parce que ça fait des années que Mayotte appelle à l’aide» avait avoué la députée mahoraise Estelle Youssouffa dans un article pour France Télévision. Plus qu’une simple colère, c’est une véritable rancune qui ronge les jeunes habitants de Mayotte. « J’ai la haine contre l’Etat qui consacre tout son argent à expulser des clandestins. Je dis pas qu’il faut pas le faire, mais il faut penser à nous aussi, ils ne font rien pour nous» s’exclamait le jeune mahorais De Baco pour La Voix du Nord. Un comportement et un discours animé par le ressentiment qui tend à être fataliste ; «je vais pas mourir pour aller à l’école alors qu’après on n’a de toute façon rien» concluait le jeune homme.

19/12/2022


Article 5

2023 : Quel futur pour Mayotte et ses habitants ?

Image d’illustration : carte de l’île de Mayotte © Shutterstock et Alice Philippe

Les écoles, nouvelles cibles des attaques.

Dans le 101ᵉ département français, l’insécurité omniprésente du territoire a fini par s’introduire au sein même des établissements scolaires. La rentrée des classes lundi 9 janvier prochain est redoutée par tous, tant par les élèves et les parents que par les professeurs. Selon France Info, le maire de Mamoudzou a décidé d’installer des barbelés autour de certains établissements scolaires après la survenue de plusieurs attaques. Suite à la tentative d’enlèvement d’une fillette au printemps dernier, c’est une dizaine de jeunes cagoulés qui se sont introduits dans un lycée début décembre, créant un mouvement de panique. L’installation de ces barbelés est donc une mesure nécessaire, une mesure qui illustre la gravité de la situation.

Image d’illustration : capture d’écran d’un reportage de France 2 montrant les barbelés installés sur les murs d’une école © France 2

Le maire de la capitale de l’île expliquait en effet pour un reportage diffusé sur France 2 qu’à chaque instant on peut s’attendre à “voir débarquer des groupes d’individus cagoulés avec des machettes dans des écoles pour terroriser les enfants”. A Mayotte, le danger est à chaque coin de rue ; M’sa Aynati, mère de plusieurs écoliers, en témoignait dans le même reportage : “Sur le chemin, même en accompagnant votre enfant, vous pouvez être agressé”.

2023, l’année du changement ?

Pour Ambdilwahédou Soumaïla, maire de Mamoudzou, la situation n’est plus supportable. Alors que de plus en plus de familles et d’habitants quittent Mayotte, celles qui restent sur place par choix ou par obligation sont victimes de violence et vivent dans la peur. En ce premier mois de 2023, Ambdilwahédou Soumaïla a annoncé lundi 2 janvier vouloir “stopper définitivement l’immigration illégale” en supprimant le droit du sol sur le territoire mahorais. Pour lui, la solution est claire : seul le contrôle minutieux des frontières et le refus d’arrivée de nouveaux migrants permettra à l’île de retrouver le calme, et aux habitants de retrouver une vie sereine. Cette violence sans fin, mêlée à la pauvreté et à l’insalubrité, fait fuir tous les résidents de l’île. Selon France Info, environ 10 000 habitants de l’île quittent Mayotte chaque année.

Entre espoir et désespoir : le désir d’un meilleur avenir.

La plupart des citoyens, fatigués et excédés, ne supportent plus de vivre dans de telles conditions. Plusieurs résidents du village de Ouangani (situé au centre de Grande Terre) ont décidé d’adresser une lettre au procureur de la République selon le journal local Mayotte Hebdo. Dans le courrier, ils témoignent du cauchemar de leur quotidien : « Il ne se passe pas une semaine sans que nous subissons l’assaut d’individus non identifiés qui caillassent nos maisons, vandalisent nos biens, nous agressent physiquement, nous harcèlent moralement et profèrent des menaces de mort à notre encontre […]”. En ce début d’année, les appels à l’aide des habitants et des représentants de Mayotte se multiplient. Des mesures et des actions politiques sont revendiquées et attendues par tous et toutes dans l’espoir d’un meilleur futur pour Mayotte en 2023.

08/01/2022

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