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Rap et politique : un combat intergénérationnel

Incroyable mais vrai, Kanye West, le rappeur américain désormais appelé Ye, se présente aux élections présidentielles de 2024.

Depuis toujours, le rap a pour objectif de lutter contre les injustices, le racisme, les violences policières, etc. Quel est donc le lien qui unit le rap et la politique ? 

Un style musical décrié par les politiques

Le rap est né dans des quartiers défavorisés. En France, les acteurs de ce rap sont souvent issus des banlieues et proposaient un discours à l’encontre des idées de droite et d’extrême droite. Et cette haine à l’encontre de la droite est valable aussi dans l’autre sens. En effet, les partis politiques d’extrême droite n’hésitent pas à pointer du doigt ce style musical jugé trop populaire.  Depuis des années, Eric Zemmour, n’hésite pas à répéter que « le rap est une sous culture d’analphabètes », un « sous-art ».

Mais à contre-sens, les politiques n’hésitent pas à instrumentaliser le rap. Prenons l’exemple de Youssoupha. Dans son titre « À force de le dire », sorti en 2009, il s’exprime : « Je mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Éric Zemmour ». Le politique n’a pas hésité à porter plainte pour incitation à la haine envers quelqu’un, alors même qu’il a lui aussi jugé coupable de ce crime à d’autres occasions. 

Mais la droite n’est pas la seule à critiquer le rap. Dans les faits, la gauche tolère un rap « politiquement correct » mais pas d’autres formes. Preuves à l’appui, les premières critiques d’Orelsan venaient de Ségolène Royal et d’autres associations de gauche. 

« La politique et le rap, c’est un mauvais mélange. Comme le lait avec la vodka. On est dans une ère de censure, de l’hyper politiquement correct. Or, le rap doit être intrinsèquement politiquement incorrect. » concluait l’écrivain et journaliste Karim Madani.

Une lutte constante de la part des rappeurs

Le rap se construit par un discours identitaire, contestataire et revendicatif. En ce sens, il participe à la structuration sociale des villes.

« Qui prétend faire du rap sans prendre position » 

Ärsenik (Calbo), Boxe avec les mots, 1998

En 2002, l’extrême droite était pour la première fois au deuxième tour des présidentielles. Un grand nombre de rappeurs tels que Mr. R, Le Rat Luciano, Tandem, La Scred, etc, s’étaient rassemblés sur un morceau, appelé La Lutte en Marche, pour inciter les jeunes à faire barrage à Jean-Marie Le Pen. 

De nos jours, l’engagement contre la politique et les politiques a largement réduit. Certains artistes restent tout de même assimilés à cet engagement, par exemple, Youssoupha, Kery James ou encore Médine. Cependant, on note tout de même de nombreuses « punchlines » visées aux politiques, notamment de droite. 

“Les mecs du FN ont la même tête que les méchants dans les films”

Orelsan – “Basique”

“Même quand je suis pas là, je touche l’argent comme un député européen”

Roméo Elvis – “1000°C”

“J’peux pas me taire face aux injustices que l’on nie en Palestine, il faut stopper les colonies”

Nekfeu – “Besoins de sens”

Quelques bonnes relations

La haine ou le mépris des politiques sont donc de la partie. Mais il existe tout de même quelques bonnes relations entre politique et rap. Par exemple, Bernard Tapie a enregistré un morceau et fait un clip de rap avec la star de l’époque Doc Gynéco. 

En conclusion, les relations entre rap et politiques ont beaucoup évolué. Dans les années 90, les revendications étaient claires et objectives, tandis que de nos jours, elles sont plus subjectives. Mais il est sûr que les politiques ne comprennent toujours pas vraiment le rap et les rappeurs ne se cachent pas pour exprimer leurs revendications.

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